Histoire du chanvre suite.

Histoire du chanvre suite.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, l’empereur Charlemagne va fortement encourager la culture du chanvre. Il s’agit alors d’une denrée stratégique, gage de prospérité, en raison des nombreuses utilisations permises par sa fibre : vêtements, cordages, voiles.
À la même époque, les Arabes apprennent de prisonniers de guerre chinois le secret de la fabrication du papier, après la bataille d’Atlah. Celui-ci est obtenu à partir d’écorce de mûrier et de fibres de chanvre.
Une seconde vague de diffusion de la culture du chanvre accompagnera donc les invasions arabes, en Afrique du Nord, puis en Espagne, en France, en Sicile. Les Arabes ont en effet perfectionné la technique de fabrication du papier à partir de chanvre, papier qui sert de moyen de diffusion des manuscrits arabes, dont le Coran, mais également de nombreux textes de portée scientifique (mathématique, astronomie, médecine, etc.), littéraire ou philosophique. Ils installent leurs moulins à papier en Andalousie au début du XIe siècle. Les traités médicaux arabes et perses décrivent de manière détaillée l’action du chanvre et son potentiel thérapeutique22.
L’abbesse allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179) en cultive dans le jardin du couvent, aux côtés d’autres simples, sous le nom de “Cannabus“. Elle préconise son usage23 pour combattre les nausées (anti-émétique) et contre les douleurs à l’estomac.
À la même époque (1090) Hassan Ibn Sabah établit ses quartiers dans la forteresse d’Alamut, au Nord-Ouest de l’Iran actuel et met en place un ordre guerrier. Cet ordre est doté d’un corps d’élite constitué d’hommes entièrement dévoués à sa cause et prêts à mourir pour elle. Marco Polo24, mentionne « certain breuvaige à boire, par le moyen duquel ilz estoient incontinent troublez de leur esperit, & venoient à dormir profondément », pour le conditionnement des fedayins. Plusieurs auteurs25 du XIXe et du XXe siècle se sont inspirés de ce récit dans leurs œuvres, reprenant ou contestant l’hypothèse linguistique qui ferait dériver le terme assassin de l’arabe « haschischiyoun » ou « haschaschin » (mangeurs d’herbe), et signerait l’usage du chanvre indien par cette secte ismaëlienne.
C’est en terre d’Islam qu’est édictée la première interdiction concernant le cannabis : en 1378, l’émir Soudoun Sheikouni interdit la culture du cannabis en Égypte, à Joneima, et condamne ceux pris en train d’en consommer à avoir les dents arrachées26.

Renaissance

Planche sur le chanvre, tirée du Kraüterbuch du botaniste allemand Leonhart Fuchs (1543)

À la Renaissance, l’Église s’attaque à la sorcellerie en s’appuyant sur les tribunaux de l’Inquisition. Le pape Innocent VIII assimile en effet la sorcellerie à une hérésie. La bulle papale Summis Desiderantis Affectibus, en 1484, donne le chanvre pour un sacrement du sabbat de Satan. [citation nécessaire] Cette décision va contribuer à marginaliser un savoir populaire ancestral27 en matière de plantes médicinales. Mais la même année est imprimée la première édition illustrée de l’Herbarius pseudo-Apulée, dans lequel apparaît le chanvre. Paracelse décrit également la plante dans plusieurs de ses travaux. Et plusieurs célèbres herbiers allemands, dus à Otto Brunfels, Hieronymus Bock et Leonhart Fuchs contiennent des planches dédiées au chanvre. François Rabelais, dans son Tiers Livre décrit sur le mode humoristique une plante merveilleuse qui ressemble à s’y méprendre au chanvre : le Pantagruélion28. En Inde, Bhavamishra décrit dans ses traités médicaux les propriétés et les préparations à base d’opium et de cannabis29.

Temps modernes

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les puissances européennes se disputent la suprématie navale et le contrôle des points de passage stratégiques, alors que les échanges maritimes intercontinentaux sont en plein essor. Les navires sont alors propulsés par la seule force du vent. Le chanvre est utilisé pour fabriquer les cordages, les câbles, les échelles et les haubans, ainsi que les voiles. « Un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et 6 à 8 tonnes sous forme de voile, par an. », relève le professeur agrégé d’histoire Serge Allegret30. Le chanvre a donc pendant cette période la place d’un matériau stratégique, au même titre que le charbon quand apparaîtront les machines à vapeur ou le pétrole aujourd’hui. En France, Colbert crée en 1666 la corderie royale associée à l’arsenal de Rochefort sur Mer, et réalise un important travail pour sécuriser l’approvisionnement en chanvre national. Les marines hollandaise et anglaise sont équipées de voiles tissées aux Pays-Bas à partir de chanvre d’excellente qualité produit en Livonie (actuels pays baltes). Grâce à la technique du tissage à un seul fil, les toiles obtenues sont plus performantes (solides, légères et souples).

Aux grandes heures de la marine à voile, l’approvisionnement en chanvre des nations européennes revêtait un intérêt stratégique.

Diderot et d’Alembert dans leur Encyclopédie détaillent la culture et le travail du chanvre31, et mentionnent ses propriétés psychotropes : « Le Chanvre est cultivé, comme plante textile, dans un grand nombre de pays. Toutes ses parties exhalent une odeur forte, extrêmement désagréable, et les émanations qui se dégagent des chènevières causent des vertiges, des éblouissements, en un mot une sorte d’ivresse. […] Enfin, les feuilles de la var. indica servent, en Orient, à la préparation du hachich. ».

Le chanvre aurait été présent aux Amériques avant la colonisation : Jacques Cartier rapporte en avoir vu, dans son journal de voyage32. L’archéologue Bill Fitzgerald a découvert à Moriston en Ontario des pipes vieilles de 500 ans, contenant des traces de résines de cannabis33. Toujours est-il que les colons européens entreprirent la culture du chanvre à grande échelle. George Washington, premier président des États-Unis d’Amérique, en cultivait sur sa plantation, comme en témoigne son journal. En 1794, il donne l’instruction suivante à ses hommes  : « Prenez le plus possible de graines de chanvre indien et semez-en partout. » (Make the most of the Indian hemp seed and sow it everywhere)34. Au Canada également, plusieurs mesures sont prises pour favoriser le développement de cette industrie35 : subventions, incitations fiscales, distribution de graines aux fermiers en 1801…

Époque contemporaine

Victime d’une tentative d’assassinat par un Égyptien en état d’ivresse cannabique, au cours de la Campagne d’Égypte, Bonaparte édicte le 8 octobre 1800 un décret interdisant dans toute l’Égypte l’usage du hachisch.

Dans les Caraïbes anglophones, l’usage psychotrope du cannabis serait selon certains auteurs une conséquence de l’abolition de l’esclavage en 1833. Celui-ci aurait été importé avec la main-d’œuvre indienne destinée à remplacer les anciens esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre. Main d’œuvre qui emmena dans ses bagages des graines de chanvre indien. Le nom donné aux Indiens fut coolie et, aujourd’hui encore, les rastas utilisent notamment le terme coolie weed (« herbe de coolie ») pour évoquer le cannabis.

Des gravures sur cuivre du XIXe siècle montrent que les berges du Rhin étaient, à l’époque, couvertes de grands champs de chanvre.

En 1844, Théophile Gautier et le docteur Jacques-Joseph Moreau fondent le club des Hashischins. Voué à l’étude du cannabis, il sera fréquenté par de nombreux artistes français.

fréquenté par de nombreux artistes français.

Extrait fluide de cannabis fabriqué par Eli Lilly. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, le cannabis sous forme de teinture était un produit pharmaceutique courant.

Au XIXe siècle, le cannabis était utilisé en Occident pour ses vertus médicinales, sous forme de teinture (extrait alcoolique). C’est le médecin irlandais William Brooke O’Shaughnessy qui le présenta comme médicament après un séjour de neuf ans aux Indes, en 1841. Le cannabis fut ainsi prescrit à la reine Victoria pour soulager ses douleurs menstruelles. L’extrait alcoolique de cannabis était également commercialisé aux États-Unis. Dans la vieille Europe comme aux États-Unis, cette teinture était l’un des médicaments les plus vendus par les officines de pharmacie. Mais, à la fin du XIXe siècle, son succès commença à décliner, à la suite de l’apparition et du fort succès d’autres médicaments tels que l’aspirine. L’adolescent Ernst Jünger tombe par hasard en 1920 sur un vestige de cette époque, sous la forme d’un vase de porcelaine portant la mention « Extr. Cannabis ». Il raconte son expérience malheureuse36 (que l’on qualifierait aujourd’hui de bad trip) dans son essai Approche, drogues et ivresse.

Autre anecdote surprenante, des cigarettiers lancent à la fin du XIXe siècle sur le marché européens plusieurs marques de cigarettes au cannabis, en jouant sur l’image “orientale” de la plante : Arabische Nächte (Nuits Arabes) (9 % de cannabis), Harem (9 %), etc.

Les Mexicains le cultivent également et commencent l’exportation des sommités fleuries vers le Texas dès 1910. C’est d’ailleurs aux Mexicains que l’on doit l’usage du mot marijuana qui, à l’origine, désignait une cigarette de mauvaise qualité.

Aux États-Unis, durant les années 1920 et 1930, le cannabis envahit le marché noir, devenant très populaire. Face à ce succès grandissant, mais surtout dans un contexte d’échec de la politique de prohibition de l’alcool, le lobby puritain s’intéresse au cannabis et les autorités mettent en place des campagnes dites de sensibilisation avec des slogans tel que Marijuana is Devil sur fond de diable enflammé. La police des stupéfiants de La Nouvelle-Orléans impute aux consommateurs 60 % des crimes commis dans la ville. Il s’agit d’une véritable entreprise de propagande, qui trouvera des alliés dans le lobby de l’industrie du coton, dans celle de la chimie (dont les lobbys du nylon et du pétrole) et dans une partie de la presse, dont les patrons ont des intérêts forestiers importants (entre autres le magnat de la presse William Randolph Hearst). Cette campagne appuiera son argumentation sur le racisme ambiant, en combinant le dégoût des « nègres », de leur musique (le blues et le jazz) et les ravages fantasmés du cannabis (folie meurtrière, dégénérescence, etc.)37. Les journaux reprennent et répandent l’idée que violence et cannabis sont liés, à travers le pays et, en 1937, une loi instaure la taxation de la production, du commerce ainsi que l’usage industriel et médical, c’est le Marihuana Tax Act.

Affiche diffusée par le Federal Bureau of Narcotics, à la fin des années 1930, et pendant les années 1940, époque de diabolisation du produit (la marihuana est un narcotique puissant qui pousse au meurtre, et conduit à la folie et à la mort).

L’accroissement dans le reste du monde de la production et du trafic de cannabis sont alors préoccupants et plusieurs gouvernements autres que celui des États-Unis s’inquiètent. Ainsi dès 1925, la convention internationale de Genève est acceptée par la plupart des pays du monde s’engageant à se battre contre le trafic de drogue. Parmi eux, la Turquie et l’Égypte veulent déjà inclure le cannabis dans la convention, avançant que sa consommation est à la base de la débilité humaine.

Concurrencé dans son usage textile par les fibres exotiques (jute, sisal, kenaf), et par les fibres synthétiques (nylon), concurrencé dans l’industrie papetière par le bois, le chanvre décline rapidement au cours de la première moitié du XXe siècle. En France, par exemple, 176 000 hectares sont emblavés en 1840. En 1939, la superficie cultivée n’est plus que de 3 400 hectares. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain relance la production de fibres de chanvre et réalise même un film de propagande intitulé Hemp for Victory (Le chanvre pour la Victoire). Lors du débarquement de Normandie, les Rangers commandés par le lieutenant-colonel James E. Rudder étaient équipés de grappins et de cordes de chanvre pour escalader les falaises de la pointe du Hoc. « Les cordes de chanvre alourdies par l’humidité se révélèrent inutilisables »38.

Bien qu’il ait probablement été utilisé comme drogue occasionnelle durant son histoire, c’est aux États-Unis, parmi la scène jazz des années 1950 qu’on le voit devenir populaire, avec la Beat generation. Suivra avec une forte augmentation de son utilisation pendant les années 1960. Harry Anslinger, instigateur du système fédéral de lutte contre la drogue fait surveiller et ficher de nombreux artistes susceptibles d’en consommer : Count Basie, Cab Calloway, Duke Ellington, les membres du NBC Orchestra, Dizzy Gillespie, Lionel Hampton, Thelonius Monk, Louis Armstrong, etc. En Europe de l’Ouest, l’explosion de la popularité du cannabis coïncide avec le mouvement hippie : la consommation de drogue devient alors synonyme de contestation de la société bourgeoise.

Dans les années 1960, l’INRA et la Fédération nationale des producteurs de chanvre (FNPC) démarrent un programme de sélection variétale pour mettre au point des cultivars monoïques et à faible teneur en THC39. Ces travaux permettent de relancer la culture du chanvre agricole dans plusieurs pays européens, car ils lèvent l’obstacle technique de l’important dimorphisme sexuel de cette plante, ainsi que les objections en rapport avec l’usage psychotrope.

En 1964, un laboratoire israélien dirigé par le professeur Raphael Mechoulam isole le THC, responsable de la majeure partie des effets psychotropes du cannabis.

À partir de 1971, la CEE encourage financièrement la culture de chanvre par les agriculteurs pour la production de fibres, dans le cadre de l’organisation commune de marché (OCM) portant sur le lin et le chanvre40.

En 1976, après plusieurs années de tolérance d’entreprise de vente au détail de cannabis, les autorités des Pays-Bas décrètent officiellement la décriminalisation de la vente pour usage personnel, encadrée par un système de patentes. L’un des objectifs de la politique néerlandaise est d’éviter que les consommateurs de cannabis n’entrent en contact, via les revendeurs de rue, avec d’autres produits illicites (opiacés, cocaïne, LSD, amphétamines, etc).

L’essor des préoccupations environnementales, depuis la fin du XXe siècle, tend à stimuler le développement de filières chanvre, dans des domaines aussi variés que le textile, l’habitat, l’alimentation, les bio-carburants… Entre 1996 et 1999, les superficies cultivées en chanvre dans l’UE ont plus que doublé, passant de 13,7 à 32,3 milliers d’hectares, principalement du fait de l’Espagne42.

Depuis les années 1990, la culture du chanvre a vu se développer de nouveaux acteurs, de nouveaux réseaux et de nouvelles pratiques. En effet, de plus en plus d’usagers du cannabis en Europe et dans le monde (États-Unis, Canada, Australie…) se tournent vers l’autoproduction à l’intérieur de logements – en appartement ou en maison, ou à l’extérieur – dans le jardin, en forêt, en montagne, dans un champ… Ils ne veulent plus être confrontés aux risques (violences, mauvaise qualité des produits, inflation…) liés aux trafics dans les espaces publics (rue, cité…) ou privés (bar, discothèque, appartement…), et souhaitent pour certains augmenter leurs revenus en commercialisant une partie de leur production auprès de leurs propres réseaux (amis, famille, collègues, ami d’ami, voisins…). Cultiver à l’intérieur procure souvent de meilleurs résultats (qualité, quantité), mais est plus dangereux lorsque l’activité est illicite parce que le police identifie plus facilement les responsables, tandis que cultiver à l’extérieur, dans des lieux isolés, est moins risqué en cas de saisie. Enfin, les cultivateurs perfectionnent depuis les années 70 leurs outils et méthodes de production, ce qui a pour conséquence une plus grande diversité d’herbes, avec une hausse moyenne des teneurs en THC dans les différentes variétés de cannabis. Un réseau de magasins spécialisés fournissant aux cultivateurs tout le matériel sauf les graines s’est développé dans les années 90 et 2000 en France et dans le monde. L’internet, les sites web de vente en ligne jouent un rôle important dans la diffusion des connaissances, des valeurs et des croyances. Ce secteur de production et de consommation reste à explorer par les chercheurs en sciences sociales et économiques, en médecine, en addictologie et en épidémiologie.43

2005 marque un tournant majeur dans l’histoire du cannabis thérapeutique puisque, avec l’assouplissement de la législation de certains pays – notamment le Canada et le Royaume-Uni -, la prescription médicale de THC étant autorisée.

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